La marche de l'orgueil, comme s'appelle la Gay Pride salvadorienne, est née en 1994 dans une quasi confidentialité, et son origine d'alors n'a pas grand chose à voir avec Stonewall. 15 ans plus tard, c'est devenu une manifestation régulière, numériquement importante et qui rassemble des acteurs aux exigences différentes autour de l'exigence de la reconnaissance de leurs droits. A l'aide d'entretiens avec certains leaders associatifs, mais aussi au travers d'un questionnaire mené sur un réseau social, je montre que les émeutes de Stonewall représentent quelque chose qui n'est pas nécessairement commun à tous, même si l'usage des média a récemment modifié cette affirmation, sans changer le fond de ce qui pousse les participants à descendre dans la rue un jour particulier de juin. Entre récupération mémorielle tardive et recomposition locale, la mémoire LGBTI se construit dans ces échanges transnationaux, particulièrement dans un pays marqué par la migration forcée vers les États-Unis.
Intervenant
Thierry Maire est actuellement Doctorant au CMH (ENS-EHESS-CNRS, UMR 8097) et chercheur associé du CEMCA (UMPFRE 16, MAE-CNRS), chargé d'enseignement à Sciences Po Paris et Lille, professeur invité de l'ESEN (Escuela Superior de Economia y Negocios, San Salvador, El Salvador). Après avoir vécu plus de 10 ans en Amérique centrale, professeur de SES en lycée français, il s'est intéressé aux relations entre religion et politique en Amérique Centrale. Sa thèse porte sur 'Sécularisation, Désécularisation et relégitimisation du politique à El Salvador et au Guatemala, des années 80 à nos jours' sous la direction de P. Michel.