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L'évolution de la New York Pride March, entre constructions mémorielles, contraintes institutionnelles et contre-réactions militantes
Charlotte Thomas Hebert  1@  
1 : Université Panthéon-Sorbonne
CRPS-CESSP

La Stonewall 50 / World Pride March qui aura lieu à New York en juin 2019 pour commémorer l'anniversaire de la « rébellion » de Stonewall sera l'édition de tous les superlatifs. Bien loin de l'image à laquelle renvoie le terme plus militant d'« émeutes », plus de trois millions de personnes sont attendues pour assister à un événement qui, à l'échelle locale, bénéficie de tous les soutiens institutionnels, et ce jusqu'au plus haut niveau de l'Etat de New York.

Si la lutte pour l'accession aux droits civiques a graduellement laissé place à un message de fierté et de célébration, de nombreuses voix se sont élevées conjointement contre l'institutionnalisation et surtout la commercialisation et la sécurisation d'une manifestation qui, loin d'être représentative de la « communauté », contribuerait à en exclure ses membres les plus vulnérables. Ainsi, ces vingt dernières années, différents groupes et collectifs LGBTQ+ se sont directement opposés à la marche. Ils ont cherché et/ou réussi à interrompre le cortège (Fed Up Queers en 1998, Sex Panic en 1999, No Justice No Pride en 2017, Reclaim Pride Coalition en 2018) ou bien ont organisé des évènements parallèles, tels que la marche alternative Stonewall 25 en 1994, tout en se revendiquant comme les « vrai.e.s héritier.e.s » des émeutièr.e.s et en construisant la commémoration originelle de 1970 organisée par le Christopher Street Liberation Day Committee (CSLDC) comme une manifestation affranchie des autorités – bien que celle-ci ait eu lieu en coopération avec la police.

Ainsi, cette communication présentera l'évolution de la Pride March de New York au prisme des contraintes institutionnelles (conditions d'octroi d'un permis, négociation du parcours, changements dans le répertoire répressif des forces de police et de la gestion de l'espace public depuis 2001), et organisationnelles (récolte de fonds, recrutement de bénévoles), ainsi que des contre-réactions militantes et des constructions mémorielles qu'elle suscite. Elle s'appuiera sur les ressources qu'offrent la sociologie des mouvements sociaux et l'histoire contemporaine, ainsi que sur des données récoltées lors d'une ethnographie de 18 mois, des entretiens avec des activistes toujours en activité et des vétérans de groupes tels qu'Act Up New York, Fed Up Queers, Queer Nation, ou Gays against Guns, et une recherche d'archive conduite au LGBT Center de New York dans les fonds du CSLDC et de Heritage of Pride, l'ONG qui produit la marche des fiertés de Manhattan depuis 1984.

 

Intervenante

Charlotte Thomas Hébert est doctorante en science politique depuis novembre 2015. Sa thèse porte sur la gauche américaine et la pacification de l'action directe et de la désobéissance civile aux Etats-Unis depuis 2001. Dans le cadre de ses recherches, elle a effectué des mobilités en tant que Visiting Scholar au Graduate Center de CUNY (sociologie) et à l'université de Brown (philosophie) et elle se rendra prochainement à l'école de droit de Columbia.


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